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Vision du Chaos

 

Quand Conrad, fiévreux, se demande ce qu’il adviendrait si l’on tuait l’un des quatre Dieux-Dragons du Chaos – et se pose cette question sur les lieux mêmes (l’observatoire de Dangmar) où ils ont abattu un Dragon roseâtre qui pourrait être Slaanesh*, et dont ils ont coupé la tête pour l’exhiber devant la Volkshalle, avec les conséquences que l’on sait –  quand Conrad, disais-je, se pose la question de détruire l’œuf gigantesque qui est devant eux, bien protégé dans son coffre de bois aux capitons de velours, il n’y a que deux réponses possibles. Oui. Et non.

Jochen dit oui. Jochen dit toujours oui aux solutions extrêmes. Peut-être est-il également influencé par les étranges inscriptions runiques qu’il est le seul à déchiffrer dans l’observatoire, même s’il n’arrive pas à les lire.

Les autres hésitent. Donc plutôt non. S’il y a avait un dragon à l’intérieur ? Si c’était l’Héritage des Anciens, mentionné ici et là ? Si son contenu pouvait apporter quelque chose, plus tard ?

Quand Conrad se pose la question, il croit avoir une vision. Peut-être l’a-t-il réellement, d’ailleurs. Celle-ci :

vision du chaos

Celle de l’univers dans lequel flotte une petite boule de boue qu’on appelle le Vieux Monde, et sur lequel quatre petits points se déplacent depuis quelques mois, s’agitent en attente de réponse. En voici une. L’Ether. En perpétuel mouvement. Se moquant bien des questions des hommes.

* Petit arrangement avec la réalité, car il semblerait que ce soit Anna Hochburger, oui, vous avez bien lu, la dramaturge du Dragon et du Batelier, qui l’abattit elle-même d’un coup de mousquet. Mais vous savez ce que c’est : entre la réalité et la légende, imprimez la légende.

La Nuit des Feuilles d’Or

ATTENTION SPOILER LA CAMPAGNE IMPERIALE

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La Nuit des Feuilles d’Or, c’est probablement ainsi que l’on nommera la nuit du 23 septembre 1512. La nuit où la violence s’est déchaînée entre Ulricains et Sigmarites.

Au départ, il y a le Conseil Impérial convoqué par Karl-Franz 1er. Le deuxième Conseil Impérial, devrait-on dire. Car au premier, l’Empereur est assassiné à l’extérieur de la Volkshalle, au moment où il découvre – comme la populace ébahie – la tête d’un dragon présentée par les Templiers de Sigmar ! Rentrant à l’intérieur de la Tente de Pierre avec les Princes Electeurs pour décider des mesures à prendre , il est sauvagement frappé d’une dague par un  Garde Impérial. Et ce n’est pas tout ; dans le même temps, de courageux templiers (Konrad et Jochen) dévoilent dans les sous-sols du Palais Théogonal un incroyable secret. Celui de la Main Pourpre, qui, depuis quinze ans, tisse sa toile dans le Vieux Monde, et qui cache son identité derrière rien de moins que le Grand Théogone de Sigmar lui-même !

Günther Thitmarus

Günther Thitmarus, l’assassin de l’empereur

Un deuxième Conseil Impérial doit se tenir d’urgence, sous la supervision du Chancelier Kageneck, Kanzler Imperator en lieu du Sigmaris Recipiente Imperator*, afin d’élire immédiatement un nouvel Empereur. Karl Franz a fait part de ses volontés en proposant au libre vote des Huit Tribus son neveu Wolfgang que tout le monde prend, au mieux pour un fou, au pire pour un marqué. Si cela se confirmait – celui-ci faisant l’unanimité des Princes Electeurs contre lui – l’Empire, pour la première fois, voterait contre la volonté de l’Empereur.

Et c’est justement ce qu’il fit.

Un par un, tandis que ses alliés traditionalistes suivaient la volonté de l’Empereur défunt (le Stirland, le Wissenland, le clergé sigmarite…), des Electeurs qui n’avaient jamais voté contre l’Empire le firent pour la première fois. Le Grand Prince Tasseninck d’Ostland, malgré la mort de la prunelle de ses yeux, le Jeune Prince tué six mois plus tôt lors d’un tournoi à Bögenhafen, vota avec les Ulricains qui avaient tué son unique héritier. Plus étonnant encore, la Comtesse Emmanuelle de Nuln fit de même.  Des rumeurs avaient filtré d’une alliance avec Middenheim menée par le Bâtard autour d’achat de canons ziflinides. Mais qui aurait pu croire que Nuln, la Perle du Reik, voterait un jour avec les Ulricains ?

Wolfgang de Holswig-Schliestein

Wolfgang de Holswig-Schliestein,
le neveu fou
par Alberto Flipi, Musée de Maragliano

Wolfgang, dans sa démence, dût se rendre à l’évidence : il n’obtiendrait pas les voix nécessaires pour succéder à son oncle. Pire, la trahison venait de son propre camp. Les petits hommes du Moot s’abstenant via la voix de l’Ancien Hisme Cœurvaillant, le sort en était jeté.

Ivre de rage, au bord des larmes, Wolfgang tenta toutes les manœuvres, choquant jusqu’à son propre camp (il s’était déjà assis d’autorité sur le Trône de Sigmar, tabou insensé) : menaces, et larmes.

Jusqu’à ce que ce que la Princesse Katerina, au grand dam d’Hadden, le Chevalier Panthère assurant sa protection, ne vienne apporter un peu de réconfort à cet homme à l’âme d’enfant. Mal lui en prit. Wolfgang de Holswig-Schliestein s’était agenouillé, sanglotant, suppliant, contre la Gravin de Middenheim. Il se releva d’un bond et lui planta sa dague d’apparat dans le ventre.

Dès lors, le chaos s’empara de la salle : Hadden s’efforçant d’exfiltrer au plus vite la princesse, les ulricains et les sigmarites sortant les épées, frappant les uns et les autres sans discernement, et Helmut, Jochen, Konrad tentant de forcer une sortie pour la Cour de Middenheim.

Rapidement, la contagion se répandit en ville comme la peste. Comme si les graines de la haine religieuse, plantées depuis longtemps, écloraient soudainement.

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L’incendie d’Altdorf, gravure d’époque, Anonyme, circa 1512

Bientôt, chaque Prince Electeur tenta de fuir Altdorf, tandis que divers incendies illuminaient la nuit de la Cité Impériale. Nos héros s’étaient regroupés à l’Impérial, la belle auberge où les comtes de Middenheim ont pour habitude de se loger, et soudain si mal nommée. Toute la nuit, la comtesse menaça de passer de vie à trépas (on parla même de poison). L’auberge subit le véritable siège d’une foule déchaînée. On projeta même un chariot enflammé contre le portail, que de pauvres chevaux, enduits de poix, brisèrent en hurlant leurs cris d’agonie.

Au matin, la cour de Middenheim, entourée de quelques Chevaliers Panthères, réussit à s’enfuir sur une péniche, en contemplant dans le silence de la brume matinale l’horrible spectacle des massacres de la nuit ; pendus de toutes religions aux trois ponts d’Altdorf, églises incendiées, et innombrables cadavres jonchant le grand fleuve, au milieu d’une marée dorée.

Celle des feuilles d’automne, qui -comme un présage – avait jauni la nuit précédant le Conseil.

Avant la Nuit des Feuilles d’Or…

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* En cas de décès de l’Empereur, le Chancelier de l’Empire devient Kanzler Imperator en lieu du Sigmaris Recipiente Imperator, c’est-à-dire empereur par intérim, avec pour seules prérogatives l’organisation de la succession : convocation d’un Conseil Impérial spécial, organisation du vote, et des cérémonies d’intronisation du nouvel empereur.

« C’est le principe du Chaos, non ? »

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Jochen Distelmeyer est un étrange personnage.

Sa magnifique coiffure argentée – malgré son jeune âge – fait penser à un loup des bois. Ce qu’il est objectivement. L’ami Jochen n’est jamais tant à l’aise que dans les forêts sombres des Trois Sœurs de son Middenland natal, à chasser le cerf sous les lueurs argentées de Mannslieb .

Mais il est aussi capable de fulgurances rhétorico-philosophiques , comme l’autre soir… Tandis que ses amis de la Chance du Graf tentaient de démêler les agissements du Chaos lors du futur Conseil Impérial. Son ami Hadden, bûcheron comme lui – mais dans une version légèrement plus citadinisée -, tentait de d’éclaircir le champ du possible :

– « Troisième hypothèse : le chaos n’a rien prévu… »

La réponse, cinglante comme la bise du Middenland, lui parvint du toit de l’Imperial, où notre étrange ami passe ses soirées :

– « C’est le principe du chaos, non ? » On ne saurait mieux dire.

Les Flagellants

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ATTENTION SPOILERS

Quelle belle idée que les Flagellants de Warhammer ! Bien que ce ne soit pas si original que ça – ils existent depuis le Moyen Age, et se perpétuent jusqu’à aujourd’hui, avec les Pénitents, au Portugal ou en Espagne. Mais bon, les voilà qui errent dans Altdorf, en paire ou en trio, prononçant des paroles apocalyptiques :

« La fin est proche ! La fin est proche ! Repentez-vous ! Des créatures à tête de loup errent à l’est de l’empire ! Les dragons du Chaos reviennent !!! Bögenhafen, ville du vice, ville des corrompus, fut détruite ! Pensez-y, peuple d’Altdorf, et repentez-vous ! Middenheim, son Graf fornicateur, Ar-Ulric le fornicateur, sont punis par la main même de Sigmar ! Adorateurs de Slaanesh, repentez-vous ! Priez pour le repos des Wittgenstein, ancienne grande famille aujourd’hui dégénérée !!! Les Anciens sont de retour ! Repentez-vous ! »

La vue de leur dos en sang, de leur crânes décharnés et émaciés – s’il produit la repentance chez le sigmarite fervent – ne peut qu’amuser l’ulricain en goguette dans la capitale.

Sauf nos aventuriers, effrayés par tant de candeur, et qui savent que les flagellants ne disent que l’exacte vérité !

Repentez-vous ! Car la fin est proche !