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La Nuit des Feuilles d’Or

ATTENTION SPOILER LA CAMPAGNE IMPERIALE

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La Nuit des Feuilles d’Or, c’est probablement ainsi que l’on nommera la nuit du 23 septembre 1512. La nuit où la violence s’est déchaînée entre Ulricains et Sigmarites.

Au départ, il y a le Conseil Impérial convoqué par Karl-Franz 1er. Le deuxième Conseil Impérial, devrait-on dire. Car au premier, l’Empereur est assassiné à l’extérieur de la Volkshalle, au moment où il découvre – comme la populace ébahie – la tête d’un dragon présentée par les Templiers de Sigmar ! Rentrant à l’intérieur de la Tente de Pierre avec les Princes Electeurs pour décider des mesures à prendre , il est sauvagement frappé d’une dague par un  Garde Impérial. Et ce n’est pas tout ; dans le même temps, de courageux templiers (Konrad et Jochen) dévoilent dans les sous-sols du Palais Théogonal un incroyable secret. Celui de la Main Pourpre, qui, depuis quinze ans, tisse sa toile dans le Vieux Monde, et qui cache son identité derrière rien de moins que le Grand Théogone de Sigmar lui-même !

Günther Thitmarus

Günther Thitmarus, l’assassin de l’empereur

Un deuxième Conseil Impérial doit se tenir d’urgence, sous la supervision du Chancelier Kageneck, Kanzler Imperator en lieu du Sigmaris Recipiente Imperator*, afin d’élire immédiatement un nouvel Empereur. Karl Franz a fait part de ses volontés en proposant au libre vote des Huit Tribus son neveu Wolfgang que tout le monde prend, au mieux pour un fou, au pire pour un marqué. Si cela se confirmait – celui-ci faisant l’unanimité des Princes Electeurs contre lui – l’Empire, pour la première fois, voterait contre la volonté de l’Empereur.

Et c’est justement ce qu’il fit.

Un par un, tandis que ses alliés traditionalistes suivaient la volonté de l’Empereur défunt (le Stirland, le Wissenland, le clergé sigmarite…), des Electeurs qui n’avaient jamais voté contre l’Empire le firent pour la première fois. Le Grand Prince Tasseninck d’Ostland, malgré la mort de la prunelle de ses yeux, le Jeune Prince tué six mois plus tôt lors d’un tournoi à Bögenhafen, vota avec les Ulricains qui avaient tué son unique héritier. Plus étonnant encore, la Comtesse Emmanuelle de Nuln fit de même.  Des rumeurs avaient filtré d’une alliance avec Middenheim menée par le Bâtard autour d’achat de canons ziflinides. Mais qui aurait pu croire que Nuln, la Perle du Reik, voterait un jour avec les Ulricains ?

Wolfgang de Holswig-Schliestein

Wolfgang de Holswig-Schliestein,
le neveu fou
par Alberto Flipi, Musée de Maragliano

Wolfgang, dans sa démence, dût se rendre à l’évidence : il n’obtiendrait pas les voix nécessaires pour succéder à son oncle. Pire, la trahison venait de son propre camp. Les petits hommes du Moot s’abstenant via la voix de l’Ancien Hisme Cœurvaillant, le sort en était jeté.

Ivre de rage, au bord des larmes, Wolfgang tenta toutes les manœuvres, choquant jusqu’à son propre camp (il s’était déjà assis d’autorité sur le Trône de Sigmar, tabou insensé) : menaces, et larmes.

Jusqu’à ce que ce que la Princesse Katerina, au grand dam d’Hadden, le Chevalier Panthère assurant sa protection, ne vienne apporter un peu de réconfort à cet homme à l’âme d’enfant. Mal lui en prit. Wolfgang de Holswig-Schliestein s’était agenouillé, sanglotant, suppliant, contre la Gravin de Middenheim. Il se releva d’un bond et lui planta sa dague d’apparat dans le ventre.

Dès lors, le chaos s’empara de la salle : Hadden s’efforçant d’exfiltrer au plus vite la princesse, les ulricains et les sigmarites sortant les épées, frappant les uns et les autres sans discernement, et Helmut, Jochen, Konrad tentant de forcer une sortie pour la Cour de Middenheim.

Rapidement, la contagion se répandit en ville comme la peste. Comme si les graines de la haine religieuse, plantées depuis longtemps, écloraient soudainement.

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L’incendie d’Altdorf, gravure d’époque, Anonyme, circa 1512

Bientôt, chaque Prince Electeur tenta de fuir Altdorf, tandis que divers incendies illuminaient la nuit de la Cité Impériale. Nos héros s’étaient regroupés à l’Impérial, la belle auberge où les comtes de Middenheim ont pour habitude de se loger, et soudain si mal nommée. Toute la nuit, la comtesse menaça de passer de vie à trépas (on parla même de poison). L’auberge subit le véritable siège d’une foule déchaînée. On projeta même un chariot enflammé contre le portail, que de pauvres chevaux, enduits de poix, brisèrent en hurlant leurs cris d’agonie.

Au matin, la cour de Middenheim, entourée de quelques Chevaliers Panthères, réussit à s’enfuir sur une péniche, en contemplant dans le silence de la brume matinale l’horrible spectacle des massacres de la nuit ; pendus de toutes religions aux trois ponts d’Altdorf, églises incendiées, et innombrables cadavres jonchant le grand fleuve, au milieu d’une marée dorée.

Celle des feuilles d’automne, qui -comme un présage – avait jauni la nuit précédant le Conseil.

Avant la Nuit des Feuilles d’Or…

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* En cas de décès de l’Empereur, le Chancelier de l’Empire devient Kanzler Imperator en lieu du Sigmaris Recipiente Imperator, c’est-à-dire empereur par intérim, avec pour seules prérogatives l’organisation de la succession : convocation d’un Conseil Impérial spécial, organisation du vote, et des cérémonies d’intronisation du nouvel empereur.

Des symboles, des épées…

Chevalier Panthère, c’est un honneur donné à peu de Middenheimois. Quand la Gravin vous nomme, vous devez donc vous équiper de pied en cap… des bottes, une veste de cuir, une cote de maille avec épaulière droite et canon d’avant-bras, des jambières de maille, une cuissarde et un plastron et surtout, une épée ornementée au pommeau et à la lame, accompagnée de sa dague de combat.

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Cette épée, cette dague, chacun a à cœur de la personnaliser, en gravant les armoiries familiales, ou un symbole personnel. Nos amis de la Chance du Graf n’y ont pas coupé, décorant comme il se doit leurs épées : on retrouve ainsi :

bernique helmutHelmut « La Bernique »,

jochen la flèche

Jochen « La Flèche »,

hadden le loupHaaden « Le Loup »,

conrad le bateau

Conrad « Le bateau ».

Devenir Chevalier Panthère

chevalier panthère

Chevalier Panthère.

L’un des ordres les plus prestigieux de l’Empire.

Donner sa vie fanatiquement, au service d’une seule famille, les Todbringer, qui règne sur le Cité Souveraine de Middenheim depuis des siècles.

Comment en faire partie ? Bien sûr, on peut s’engager. Mais ce sont souvent de jeunes nobles qui choisissent cette voie difficile. On peut devenir aussi Honoris Panterae, Chevalier Panthère honoraire, par la grâce du Graf. Cette distinction récompense souvent un fait d’arme, ou une vie entière dévouée à la Cité Blanche.

Les Panthères honoraires arborent à la boutonnière un minuscule bout de peau de panthère, symbolisant cet engagement. C’est le cas de Dieter Schmiedehammer, le Champion du Graf. De Dieter Prunkvoll, le Chevalier Eternel, ou de Kurt Schiller-Kniesse, représentant l’Ordre des Avoués.

Pour le devenir, il faut avoir été adoubé par le Graf, juré fidélité selon le triptyque des Chevaliers Panthères :

« Mon honneur s’appelle fidélité »
« Graf ordonne, nous suivons »
« Mort et châtiment pour quiconque se dérobe à son devoir »

Vient ensuite l’ordination, selon un rituel bien précis. On vient chercher les impétrants au crépuscule. Si d’autres Honoris Panterae sont présents, on peut les voir se frapper le torse en murmurant « Tu meurs au crépuscule » …

Souvent les Chevalier Panthères qui les accompagne à la Cathédrale de Middenheim ont un fagot sous le bras. En un minimum de mots, ils demandent aux impétrants de se déshabiller. Un petit feu est vite organisé au milieu de la cathédrale et leurs vêtements sont brûlés, car les futurs honoris doivent être débarrassés de toute impureté.

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Le choeur de la cathédrale d’Ulric, là où sont brûlés les vêtements des « impurs »

Ils sont symboliquement mis à mort : un Chevalier Panthère sort une dague, les pique au cœur en prononçant à chacun la phrase rituelle :

– « Tu meurs au crépuscule ».

Puis, il laisse de maigres consignes : « Vous avez jusqu’à demain pour renaître, enfin purs. La Flamme trie les impurs. Faites-le, ou ne le faites pas… Il n’y a pas d’essai !* La Flamme fait le tri du courage. A l’aube, quand Ulric éclairera la terre, les portes de la Cathédrale s’ouvriront. Fort Artus s’ouvrira. Si vous voulez naître à l’Aube, courez jusqu’à Artus, ne vous arrêtez pas, car personne ne vous épargnera. Non nobis domine, sed nomini tuo da gloriam, ad majorem Ulricii gloriam… »

Les portes de la cathédrale sont fermées, sans laisser ni nourriture, ni eau.

S’ils osent, les impétrants peuvent se confronter à la Flamme d’Ulric, située dans la crypte.

Flamme dUlric cathédrale
La Flamme d’Ulric, selon les rares témoignages de ceux qui ont pu l’approcher…

En se plongeant dans le feu purificateur**, ils peuvent ressortir différents, chargé du prestige de ceux qui ont « passé la Flamme ». ils verront probablement la vie différemment aussi.

***

« Tu nais à l’aube,
tu meurs au crépuscule »

fort artus à l'aube

Fort Artus à l’Aube

Peu avant l’aube, les portes de la cathédrale s’ouvrent : reste à parcourir le dixième de lieue qui mène à Fort Artus, la garnison des Chevaliers Panthères, adossé au Palais du Graf !

Car sur le trajet, comme le veut la tradition, la foule leur jette des pierres, en hurlant « Tu nais à l’aube !! Tu nais à l’aube !! »

A l’arrivée, tous les chevaliers panthères, honoris ou non, les attendent, en uniforme d’apparat. Ils hurlent eux aussi « Geburt im Morgendämmerung, Tod im Abendämmerung ! »

On les conduit jusqu’au précipice, une jetée en pierre qui donne vers le vide du Fauschlag ; on attend que le soleil se lève, puis on les couvre d’une peau de panthère.

En chœur, toute l’assistance prête serment :

« Mon honneur s’appelle fidélité »
« Graf ordonne, nous suivons »
« Mort et châtiment pour quiconque se dérobe à son devoir »

Puis on les congratule, on leur tape dans le dos, on leur donne quelques vêtements, etc.

La garnison retourne vaquer à ses activités, le Hauptman von Jodl, commandant de la garnison, les convoque :

– « Désormais, vous êtes Chevaliers Panthères Honoris. Vous faites partie du Corps le plus prestigieux de l’Empire. Je vous traiterai comme des frères, et j’attends que vous fassiez de même. Bien sûr, vous êtes honoris, c’est à dire délié des obligations du combat, mais aussi interdit de toute progression hiérarchique. Comprenez-vous bien cela ? Bien.

Néanmoins, vous devez désormais fidélité au Graf, et à la famille des Todbringer. Ce qui inclut Heinrich Todbringer. Ce n’est pas une fidélité à Middenheim, c’est une fidélité à la famille des Todbringer, est-ce bien clair ? Vous ne devrez ni les dénigrer, ni médire, ni comploter contre eux, sous peine de mort.

famille Todbringer

La famille Todbringer, en 1512 : le Graf, le Bâtard Heinrich,
Katerina, 
et Steffan la Tremblotte, héritier du Comté)

Voilà ce que j’avais à vous dire. Vos obligations sont minimes. Vous devez vous acheter une armure, une épée, le maître fourrier vous expliquera tout ça. Ensuite, le Capitaine Notaire vous transmettra vos titres de propriété. »

Le Hauptman von Jodl les embrasse ensuite un par un, très cérémonieusement.

Reste quelques formalités à accomplir : chez le Maître Fourrier, von Eck, on leur fournit la tenue, qu’ils devront payer de leurs propres deniers ; des bottes, une cote de maille avec épaulière droite et canon d’avant-bras, des jambières de maille, cuissarde et plastron, une épée ornementée au pommeau et personnalisée à la lame, une dague ornementée au pommeau et personnalisée à la lame, le tout pour une somme qui dépasse souvent les 400 Couronnes.

blason Chevalier panthère

Puis on les mène au Capitaine Notaire, car chaque Chevalier Panthère hérite d’une terre, offerte par le Graf :

« Bonjour messieurs,

Je suis chargé de vous expliquer vos nouveaux biens : voici donc les parcelles qui vous ont été attribuées. Ces droits sont bien sûr en seul usufruit, ils ne vous appartiennent pas, vous ne percevez que les revenus des champs, plus une part de la dîme, 2 ans sur 3 seulement, évidemment ! Bon an mal an, cela représente une centaine de couronnes par an.

Par ailleurs, ce n’est pas cessible, ni transmissible à vos descendants. A votre mort, ce terrain, sera rendu à la famille du Graf. »

Voilà, les impétrants sont désormais liés à vie à la famille Todbringer, et à l’histoire de Middenheim.

Il faut sûrement avoir rempli un grand service, pour que l’on distinguât ainsi une bande de paysans de Middenland, plus connus pour avoir gagné la Coupe du Graf 1512 que pour de hauts faits d’armes…

*Fine allusion !
** Conseil : faites noter à vos joueurs séparément et secrètement sur une feuille à quoi ils pensent au moment d’entrer dans la Flamme. Les récompenses viendront après ! Et s’ils ne font qu’essayer, évidemment, il ne se passe rien.
*** On pratique aussi l’assolement triennal dans l’empire !