Planet Arrakis

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Archive pour Musiques

Dune sur Radio Rôliste

« Tenter de comprendre Dune sans connaitre ses projets de films inachevés, les sequel du fiston mal écrites, les règles de jeu incompréhensibles, c’est tenter de voir la Vérité sans connaître le Mensonge. C’est tenter de voir la Lumière sans connaître les Ténèbres. Cela ne peut être. »

A l’occasion de la sortie très attendue du Dune 2 de Denis Villeneuve, Lam Son de Radio Rôliste m’a gentiment invité en compagnie de deux experts d’Arrakis (Dorothée qui mène une campagne Modiphius et le grand Khelren lui-même, auteur, entre autres, de Dominion) à parler Epice, Gom Jabbar, et plis de l’espace. On discute des spécificités de l’incroyable univers d’Herbert, du livre et de ses suites, des films, et surtout bien évidemment des jeux de rôles qui se sont attaqué à la tête. Bonne écoute !  

L’émission de Radio Rôliste

Dominion, jeux de pouvoir et maisons nobles, de Khelren
Imperium, le jeu de rôle amateur d’Olivier Legrand

Dune, Adventure in the Imperium édité en Anglais par Modiphius et en Français par Arkhane Asylum Publishing
Dune, Chronicles of the Imperium (JDR collector de Last Unicorn Games)

Champagne !

La nuit promet d’être belle
Car voici qu’au fond du ciel
Apparaît la lune rousse
Saisi d’une sainte frousse
Tout le commun des mortels
Croit voir le diable à ses trousses
Valets volages et vulgaires
Ouvrez mon sarcophage
Et vous pages pervers
Courrez au cimetière
Prévenez de ma part
Mes amis nécrophages
Que ce soir nous sommes attendus dans les marécages
Voici mon message
Cauchemars, fantômes et squelettes
Laissez flotter vos idées noires
Près de la mare aux oubliettes
Tenue du suaire obligatoire
Lutins, lucioles, feux-follets,
Elfes, faunes et farfadets
S’effraient d’mes grands carnassiers
Une muse un peu dodue
Me dit d’un air entendu
Vous auriez pu vous raser
Comme je lui fais remarquer
Deux, trois pendus attablés
Qui sont venus sans cravate
Elle me lance un ?il hagard
Et vomit sans crier gare
Quelques vipères écarlates
Vampires éblouis
Par de lubriques vestales
Egéries insatiables
Chevauchant des Walkyries
Infernales appétits de frénésies bacchanales
Qui charment nos âmes envahies par la mélancolie
Envoi !
Satyres joufflus, boucs émissaires
Gargouilles émues, fières gorgones
Laissez ma couronne aux sorcières
Et mes chimères à la licorne
Soudain les arbres frissonnent
Car Lucifer en personne
Fait une courte apparition
L’air tellement accablé
Qu’on lui donnerait volontiers
Le bon Dieu sans confession
S’il ne laissait malicieux
Courir le bout de sa queue
Devant ses yeux maléfiques
Et ne se dressait d’un bond
Dans un concert de jurons
Disant d’un ton pathétique
Que les damnés obscènes cyniques et corrompus
Fassent griefs de leur peine à ceux qu’ils ont élus
Car devant tant de problèmes
Et de malentendus
Les dieux et les diables en sont venus à douter d’eux-mêmes
Dédain suprême
Mais déjà le ciel blanchit
Esprits je vous remercie
De m’avoir si bien reçu
Cocher lugubre et bossu, déposez-moi au manoir
Et lâchez le crucifix
Décrochez-moi ces gousses d’ail
Qui déshonorent mon portail
Et me chercher sans retard
L’ami qui soigne et guérit
La folie qui m’accompagne
Et jamais ne m’a trahi
Champagne !

L’éclusier

C’est d’actualité ; Konrad Tannenwald est nautonier, c’est à dire conducteur d’une barque, d’un navire, ou d’une péniche, en l’occurrence la Lorelei, sur les eaux tumultueuses du Reik. (En réalité ce sont plutôt les rives qui sont tumultueuses et chaotiques, car le Reik au nord de Nuln est plutôt large et majestueux). Nos amis fréquentent donc ardemment le Reik, ses ports, ses docks, et ses écluses…

brel

 

Jacques de Brelle, médaillon populaire, Musée de Marienburg

Bref, en 1468, Jacques de Brelle, poète marienbourgeois, a écrit une belle chanson, très à propos, sur le dur métier d’éclusier. La voici.

Les mariniers
Me voient vieillir
Je vois vieillir
Les mariniers
On joue au jeu
Des imbéciles
Où l’immobile
Est le plus vieux
Dans mon métier
Même en été
Faut voyager
Les yeux fermés.

Ce n’est pas rien d’être éclusier

Les mariniers
Savent ma trogne
Ils me plaisantent
Et ils ont tort
Moitié sorcier
Moitié ivrogne
Je jette un sort
À tout c’qui chante
Dans mon métier
C’est en automne
Qu’on cueille les pommes
Et les noyés
Ce n’est pas rien d’être éclusier

Dans son panier
Un enfant louche
Pour voir la mouche
Qui est sur son nez
Maman ronronne
Le temps soupire
Le chou transpire
Le feu ronchonne
Dans mon métier
C’est en hiver
Qu’on pense au père
Qui s’est noyé
Ce n’est pas rien d’être éclusier
Vers le printemps
Les marinières
M’font des manières
De leur chaland
J’aimerais leur jeu
Sans cette guerre
Qui m’a un peu
Trop abimé
Dans mon métier
C’est au printemps
Qu’on prend le temps
De se noyer

Musique médiévales

Cantiga_flute

Voilà deux obsessions se  rejoignent. Paul Moud Ubid  aime la musique, mais aussi le réalisme. Fâché de se voir sans cesse recommander (sur les forums de jeu de rôle ou dans Casus Belli) l’usage de musique pompières (Lord of The Rings Original Soundtrack) ou branchouille (Dead Can Dance, seule musique écoutée par les rôlistes depuis 1981 ?), le Paul s’est fait une obligation d’utiliser de la musique d’époque dans ses parties.

Qu’on s’entende bien : pas une musique d’ambiance pour les parties, ce qui est une autre école (n’est-ce pas Monsieur Bruno de la Cassière ?), mais bien une musique illustratrice. Ce que les personnages entendent, tout simplement.

Ce qui a permis à Paul de se lancer dans une collection éblouissante de Jazz années 20 (avec rayures et son mono, pour l’Appel de Cthulhu), de techno la plus débridée (pour le Réseau Divin), ou encore de musique médiévale (pour tout le reste).

Car nos vivons un âge d’or pour cette musique, enfin redécouverte par des musiciens professionnels et talentueux.

A-mon-seul-désir-La-dame-à-la-licorneC’est par exemple le cas de Cluny en Scène. Au sein du Musée du Moyen Age – déjà sublime, sous le haut patronage de sa Dame à La Licorne –  se produit presque chaque semaine des troupes de ménestrels modernes qui s’attachent à nous faire découvrir la musique bourguignonne du XV ème siècle, le chant liturgique byzantin ou les minnesänger allemands.

Certes, c’est très parisien, mais rien ne vous empêche de chercher un peu sur Amazon, iTunes ou la Fnac, ce répertoire via de grand découvreurs : René Clemencic, l’Ensemble Organum de Marcel Perès, l’ensemble Ferrara

Et venir voir Hildegarde de Bingen jouer à St Denis en juin quand à Paris ses psychédéliques sequentia*. A ne pas rater, car la moniale allemande ne s’est pas produite à Paris depuis 1147.

 

* Attention, ce n’est pas la blonde qui est en photo sur le site internet…

Une chanson naine

chef nain

Maître Throbin, peinture sur bois,
ca. 1512

Que sait-on des nains de Middenheim ? Pas grand’chose en vérité. Les Khazalides ont trouvé le Fauschlag, ce piton rocheux au milieu de la giboyeuse Drakwald, qui abrite la cité souveraine. Ils en ont extrait l’or, puis quand les hommes sont arrivés, ont cohabité de bon cœur. Construisant les quatre viaducs qui en ont fait la merveille architecturale que l’on connait, en aménageant les anciens tunnels aurifères en égouts spacieux (qui rendent la cité si propre comparée aux autres villes de l’Empire), creusant la Spirale pour aider les Graf de Middenheim à s’échapper le cas échéant, en défendant la cité lors du siège de 1111.

Cette belle amitié séculaire a failli sombrer lorsque le Graf Boris a décidé de lever l’exemption fiscale qui les privilégiait depuis des siècles. Ce complot – car c’en était un, bien sûr – fut déjoué par quatre courageux garçons, même pas middenheimois. Mais voilà, les nains ont été humiliés par cette famille Todbringer qu’ils respectaient depuis des siècles. Ils ont fui la Cité Blanche, se réfugiant à Altdorf, dans un bidonville le long des remparts. Malgré une négociation réussie (toujours par nos quatre rotzballers), leur retour à la Cité Souveraine n’est pas pour demain. Car, maladresse ou manipulation politique, les pires ennemis des Khazalides, la tribu des nains Ziflinides, a été invitée au cortège de la toute nouvelle Princesse Electrice Katerina Todbringer.

Les Ziflinides, comme chacun sait, sont originaires des montagnes de l’ouest et les protégés de la comtesse Emmanuelle von Liebewitz, Princesse Electrice de Nuln. Accessoirement, les Ziflinides sont les fondateurs de l’Ecole d’Artillerie de Nuln, les inventeurs de canons de plus en plus puissants et formulateurs de la meilleure qualité de poudre noire.

nains dans la forêt

A quand remonte la querelle entre Khazalides et Ziflinides ? On ne sait, si ce n’est qu’elle existe de toute éternité. Quand enfin Katerina vient faire amende honorable devant les Khazalides grâce aux terribles efforts de la Chance du Graf, on fait bombance et rapidement, sortent de l’ud et du luth droit les accords mineurs qui font le mystère de la musique naine.

Apres l’introït obligatoire de 16 mesures, une voix profonde s’élève, venue du fond des temps… c’est Gorim Grandmarteau qui entonne, de sa voix grave et puissante, la mélopée* nostalgique. Bientôt, les larmes roulent sur les grosses joues burinées des jeunes nains comme des vieux, des hommes comme des femmes, de la mère comme de l’enfant. Artus, le jeune nain âgé de seulement trente ans sauvé par nos aventuriers, comprend mal les paroles (il est lui-même d’une autre tribu, les Grimazalides du Sud), mais il tente de traduire à la volée ce chant qui évoque la tristesse d’un monde perdu, la nostalgie des origines, l’amour désespéré des racines et de la terre.

Dwarf Rune 2

Où est passée ma maison ?
Celle que la montagne créa un jour pour Grungni ?
Où est le bruit des forges ?
Et l’eau qui ruisselait le long des murs ?

Où sont mes amis ?
Partout dispersés
Dans les villes qui n’ont pas encore de nom
Dans les venelles oubliées ?

Voilà des siècles que je suis parti
Le soleil est retourné maintes fois d’où il était parti
Mais moi je ne suis jamais revenu
Un jour je referai le voyage jusqu’à Khadar Khalizad
Je retournerai mourir là où je suis né
Un jour je referai le voyage jusqu’à la Montagne du Feu
Je retournerai mourir là où je suis né

Dans l’âtre de Grungni
Dans les bras de ma mère
Là où le fer est né
Où le feu et l’eau réchauffe mes os

Dans le ventre de la montagne
Au bras de mon père
Loin du soleil et de la lune
Dans les profondeurs où naît le feu sacré

Voilà des siècles que je suis parti
Le soleil est retourné maintes fois d’où il était parti
Mais moi je ne suis jamais revenu
Un jour je referai le voyage jusqu’à Khadar Khalizad
Je retournerai mourir là où je suis né
Un jour je referai le voyage jusqu’à la Montagne du Feu
Je retournerai mourir là où je suis né

Dwarf Rune 2* tiré du sublime Carmina Burana « Dulce solum natalis patrie »

Deux airs pour Warhammer…

Deux airs pour sonoriser vos parties de Warhammer :

1/ Flow My Tears un air de Dowland, idéal pour sonoriser une soirée en ville ou à la cour du graf de Middenheim…
(Dowland est un léger anachronisme, il composait de la musique élisabethaine au XVII° siècle, mais bon)

2/ Abinu Malkenu, une sorte de chant grégorien judeo-espanol.

Cette musique est tellement étrange, et proche à la fois, qu’elle me fait penser à des chants nains. J’en ai fait un hymne sigmarite, souvenir d’une très vieille bataille. Mes joueurs l’ont entendu à la mort du jeune Tasseninck, à la foire de Bogenhafen, quand des chevaliers, portant la dépouille du jeune homme, ont traversé la ville en signe de deuil… et de vengeance…

Tout l’album est fabuleux, et ce genre de musique très propice au jeu de rôle (à la fois la référence au grégorien, et en même temps, elle semble émaner d’une langue inconnue…